La croix et la bannière, 4 ans après... (partie 2)

Je sors de l’hôpital juste avant Noël et je constate une grosse perte de poids – principalement de la masse musculaire, hélas, liée à mes six semaines d’alitement… sachant que mes troubles physiques viennent de mon arrêt brutal du sport et donc de la perte de tonus musculaire corollaire, ce n’est donc pas une bonne nouvelle (sauf pour ma garde-robe).

À peine sorti d’arrêt maladie, je me retrouve confiné avec le COVID, le 1^er virus, celui de mars 2020, que je gère comme une bonne grippe mais qui m’empêchera quand même de chanter pendant un an… rien à voir avec le triathlon, mais bon - RIP ma capacité ventilatoire, qui s’en soucie ?

Confinement, déconfinement, reconfinement, l’année s’écoule telle un long fleuve tranquille, sous anxiolytiques, quand tu découvres au réveil que tu t’es chié dessus, les draps ruinés, mais que tu t’en tapes parce que : 1- t’es shooté jusqu’aux yeux et 2- tu sais que quelqu’un va nettoyer à ta place. Et je me rends compte que je viens de décrire l’action gouvernementale en temps de crise !!!

Seule éclaircie dans cette morne réalité pandémique, on se fait, mon amoureuse et moi, un joli road-trip à Prague avec un crochet au retour qui passe par Berlin et Amsterdam. De plus, j’adore la bouffe roborative et supra calorique des Tchèques… Je pose ça là, pas besoin d’en dire plus.

20/20 s’achève sur une mauvaise note avec une récidive au niveau du dos, un an jour pour jour après ma sortie de l’hôpital. Heureusement, ça passe assez rapidement, mais ça me sert de rappel douloureux que mes conditions (physique, médicale, de vie) sont sous contrainte et menacées. 50 ans, gars… Plus près, statistiquement, de la fin que du début.

L’année naissante sera-t’elle enfin l’occasion de reprendre pied, d’être de nouveau maître de moi-même, le gars aux manettes que je n’aurais jamais dû cesser d’être ?

Le meilleur des deux mondes selon Snoop Dog

Reality check : je suis plutôt le gars à la manette, bedonnant, dans son canapé. Mais une manette Xbox Series X, s’il vous plaît ! On s’en tape ? Okay… n’empêche, les heures occupées à poncer AC Valhalla ou Cyberpunk 2077 ne sont pas passées à faire du sport. Toujours pas.

Et, selon le proverbe, là où personne ne commande, nul n’est maître, tous sont esclaves ! Et je n’ai plus de commandant que le titre. Alors, comme un pied de nez, je commande, je commande : Amazon est devenu mon horizon. Deliveroo aussi. Définitivement plus maître de mon destin, résolument esclave de mes pulsions consuméristes.

Le gras, c'est la vie!

D’autres claques, des giflettes, des soufflets, des bitch slaps, à peine des caresses, rencontrent mes joues roses, offertes et innocentes quand on m’annonce lors de ma visite médicale annuelle au travail que j’ai du cholestérol. Quand je me bloque le ménisque tous les quinze jours. Quand je me blesse à nouveau le dos une fois l’an en mode ‘pas l’hôpital, Fane, pas l’hôpital’… et tous les Michel Palareff de kézakoter en choeur.

Pourtant le sport fait toujours partie de ma vie : un peu d’e-sport compétitif d’abord, au moyen d’un joli rig de simracing. Dans cet univers virtuel fait de courses automobiles hi-tech, je m’oppose à des anglais combattifs, mais je suis limité dans ma progression par une absence totale et assumée de talent, d’ambition et des lombaires rétives quand ça zouke trop fort. Ensuite, je sers toujours de coach alternatif de triathlon aux deux ou trois inconscients qui me font confiance. Mais je ne pratique plus, je prépare juste des plans de périodisation, trois fois rien.

D’ailleurs, c’est bien la seule chose qui est maigre chez moi, ma pratique (ou absence de) du sport.

C'est pas du sport, çà?

Disparition de la quasi-totalité de mes muscles, du gras trouvé dans des endroits insoupçonnés et improbables. Je fais un moche gros. Je porte mal l’excédent de bagages. Il faudrait que tout change. Il faudrait. Il y a quatre ans, je faisais 15 kilos et 15 ans de moins, mais force est de constater que j’ai rattrapé le retard et pris un peu d’avance sur l’avenir.

Dans cette ambiance crépusculaire, évitant les reflets dans le miroir, perdu en moi-même, repoussant la vaccination, subissant un été pourri (il est où le réchauffement climatique ? Greta, mon p’tit chat : HOW DARE YOU !!!), seul le titre du LOSC m’apporte un brin de satisfaction.

De fait, je n’envisage pas de vacances cet été, résigné. Sans envie. Mortifère et satisfait de l’être. Finalement, sous la pression, je cède mollement. Et je fais bien ! On part randonner une petite semaine dans les Vosges et ça va me faire un bien fou ! On marche tous les jours avec les garçons et Ju’, on s’oxygène, on vit à un rythme différent, tout simplement. Je ne suis pas un trailer dans l’âme ou un grand fan de la montagne quand il s’agit de faire autre chose que du ski alpin, mais j’ai clairement envie de réitérer l’expérience à l’avenir.

Chlorophylle, c'est un joli prénom pour une fille...

C’était le déclic que j’attendais. Contraint à la vaccination, je prends mes deux doses de Pfizer sans plus d’émotion, en bon soldat. Je cède, encouragé fortement à me soumettre aux injonctions gouvernementales, mais je compte bien remettre la main sur les composantes de ma vie qui sont à ma portée et de ma responsabilité. Ma santé et mon corps, entre autre. Mangez ! c’est mon corps,… Buvez ! c’est mon sang,… Touchez pas ! c’est mon cul,… et Pierre Desproges de me manquer.

(à suivre…)